Quoi ! Tu raillais vraiment, quand tu disais : "Je t'aime !"
Quoi ! tu mentais aussi pauvre fille ! ... A quoi bon ?
Tu ne me trompais pas, tu te trompais toi-même,
Pouvant avoir l'amour, tu n'as que le pardon !
Garde-le, large et franc, comme fut ma tendresse.
Que par aucun regret ton cœur ne soit mordu :
Ce que j'aimais en toi, c'était ma propre ivresse ;
Ce que j'aimais en toi, je ne l'ai pas perdu...
Tu n'as jamais été, dans tes jours les plus rares,
Qu'un banal instrument sous mon archet vainqueur,
Et, comme un air qui sonne aux bois creux des guitares,
J'ai fait chanter mon rêve au vide de ton cœur.
S'il fut sublime et doux, ce n'est point ton affaire.
Je peux le dire au monde et ne te pas nommer :
Pour tirer du néant sa splendeur éphémère,
Il m'a suffit de croire. Il m'a suffit d'aimer.
Louis Bouilhet.
Plus de textes et poésies, biographies, blagues... C'est ICI